La «gauche bien-pensante» n'est pas forcément ignorante, n'en
déplaise à Jean-Pierre Chevènement. Asticotés par le ministre de l'Intérieur, dimanche sur TF1, les avocats défenseurs des étrangers, qui ont cru entre autres se reconnaître dans le qualificatif «bien-pensante», se sont sentis méprisés, mais ils ont surtout été médusés. Car, pour sa rentrée télévisée, Jean-Pierre Chevènement a commis une erreur dénotant une certaine méconnaissance de la législation sur les étrangers. Le seul exemple concret choisi par le ministre de l'Intérieur pour expliquer que «nous sommes dans un Etat de droit [et que] la loi votée par le Parlement s'applique» est précisément un cas, plutôt fréquent, dans lequel cette loi ne s'applique pas. Jean-Pierre Chevènement a évoqué la situation d'une femme algérienne, aperçue sur France 2, qui se plaignait de ne pas être régularisée malgré un séjour de dix ans en France: «Si elle peut le prouver, elle peut être régularisée en fonction de la loi.» C'était oublier que la loi Chevènement ne s'applique pas aux Algériens, dont le séjour en France est toujours régi par l'accord franco-algérien du 27 décembre 1968 (modifié). Et, comme le précisait, le 23 juillet 1998, le directeur des libertés publiques, cet accord est nettement moins favorable que la nouvelle loi. Pour obtenir des papiers, un Algérien doit avoir séjourné au moins quinze ans en France. Alors que pour la plupart des autres nationalités dix ans de séjour suffisent. Et, pour épouser un Fra