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Libération

Les bons amis font les grosses rançons. Un fils de bonne famille de Lausanne avait enlevé un de ses semblables. Sa victime libérée, il a fui, sans doute en France, avec le magot.

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publié le 12 janvier 1999 à 23h31

Vers 19 heures, le 21 décembre 1998, Stéphane Lagonico est enlevé à

Lausanne au sortir de son travail. Selon la presse locale, cet avocat stagiaire de 26 ans, enfant unique d'un richissime ingénieur, semble pourvu de toutes les qualités: «Bien de sa personne», «modeste», «le coeur sur la main». Le lendemain, sa famille reçoit une demande de rançon: 5 millions de francs suisses (20,3 millions de francs, 3,1 millions d'euros), à verser en deux tranches. Alertée, la police du canton de Vaud suit, discrètement, cette affaire atypique. «Ici, d'habitude, on séquestre des banquiers chez eux jusqu'à l'ouverture des guichets. Mais là, deux familles si proches"» Car, on le découvrira très vite, le cerveau de l'enlèvement s'appelle Christian Pidoux, qui connaît bien sa victime. «La tornade blonde». Voilà des années que Carmela Lagonico, la mère de l'enlevé, et Mireille Pidoux, la mère de l'enleveur, partagent le goût des oeuvres caritatives. Pierre angulaire de leur action, un «ladie's lunch» organisé deux fois par an dans un palace de Lausanne. Mariée à un ingénieur d'origine grecque, Carmela Lagonico, surnommée «la tornade blonde» ou «la femme au carnet d'adresses de 5 000 noms», symbolise le cosmopolitisme éclairé à la mode suisse. En face, la famille Pidoux figure les Vaudois bon teint: Philippe Pidoux est un homme d'affaires et un politicien en vue. La complicité entre Lagonico et Pidoux, dans le microcosme mondain de cette Suisse romande (francophone) dont l'axe Genève-Lausanne m