Toulouse, de notre correspondant.
«Le retour à la normale, dans le quartier, c'est qu'il n'y a plus que deux ou trois voitures incendiées chaque nuit et plus du tout de flics à l'horizon.» Les cinq cents CRS et gardes mobiles qui ont fait le siège du Mirail-Reynerie pendant les émeutes du 14 au 20 décembre sont partis ranger leurs camions. Le marchand de légumes de la place Abbal, lui, est resté là avec ses olives et son amertume: «Avant-hier, c'est la Toyota Corolla de ma fille qui a été massacrée.»
«Les polices et monsieur le maire s'empaillent, bredouille cet ancien combattant marocain des Ardennes, et pendant ce temps les voitures brûlent et les pompiers ne viennent même plus"» Abandonnés. La frustration est terrible aujourd'hui dans le quartier. Ses résidents ont le sentiment de ne plus exister pour personne. Quelques sapeurs-pompiers de la caserne Vion compatissent: «Mais comme la police ne veut plus nous accompagner sur ces sinistres, explique un de leurs officiers, il n'est pas question pour nous d'y aller et de nous y faire caillasser pour la gloire"» Le Syndicat national de la police en tenue, lui, renvoie la balle à la préfecture. Son porte-parole toulousain l'a encore accusée hier d'avoir «donné des ordres non écrits» de ne pas intervenir sur le secteur. Ce que, faute de toute réaction officielle, la préfecture s'emploie à démentir gentiment. La mairie de Toulouse en rajoute une couche en dénonçant le manque d'aptitude des autorités de l'Etat. Dominique Baudis, l