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Libération

Les droits de l'homme perdent Yves Jouffa. L'ancien président de la Ligue est mort à 79 ans.

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publié le 14 janvier 1999 à 23h10

«Engagement» fut le mot clé de la vie professionnelle et publique de

cet infatigable militant de la liberté et de l'humanisme. Yves Jouffa, président de la Ligue des droits de l'homme de 1984 à 1991, est mort dans la nuit de mardi à mercredi à Paris. Il allait avoir 79 ans. Fils d'un officier de l'armée tsariste qui avait déserté pour échapper aux persécutions antisémites, Yves Jouffa avait été interné au camp de Drancy pendant treize mois. Il s'était ensuite engagé dans la Résistance dans un maquis de la Sarthe. Il était président d'honneur de l'Amicale des anciens internés et déportés du camp. Avocat au barreau de Paris dès la Libération, il plaidera de nombreuses affaires politiques. Durant la guerre d'Algérie, notamment, il fut le défenseur de Messali Hadj, leader du MNA (Mouvement national algérien, concurrent du FLN). Il défendit également les soldats mutins de Draguignan, et plus tard, après Mai 68, les dirigeants de la Ligue communiste révolutionnaire. Il avait succédé à la présidence de la Ligue des droits de l'homme à Henri Noguères. Ces dernières années, il s'était beaucoup préoccupé de l'accueil des étrangers en France, lançant notamment une campagne pour l'obtention du droit de vote des immigrés aux élection municipales. Sous sa responsabilité, la ligue s'est opposée au projet de réforme du code de la nationalité, à la montée du Front national, et s'est battue pour traduire en justice l'ancien milicien Paul Touvier.

Lors de son investiture, en 1984, il avait cité