Alain Marsaud, chef du service central de lutte antiterroriste
jusqu'en 1989 puis député RPR de Haute-Vienne, a été le premier patron de la 14e section du parquet de Paris.
Quel bilan faites-vous du dispositif antiterroriste mis en place en 1986?
Il est né de la campagne d'attentats à Paris, de 1983 et 1986. On a alors pris la mesure de l'incapacité de gérer efficacement la vague terroriste, faute de centralisation des dossiers. La loi de 1986 n'a pas créé une juridiction d'exception, mais une juridiction spécialisée comme les tribunaux de sécurité sociale ou les tribunaux des mineurs. Et le système a prouvé son efficacité, la quasi totalité des affaires fut résolue entre 1986 et 1988. Aujourd'hui que la menace terroriste semble s'éloigner,il ne faut pas pour autant désarmer un dispositif qui reste nécessaire: c'est une question purement politique.
Pour la FIDH «les succès tangibles» n'ont pas été si nombreux ces dernières années.
Effectivement. Mais ce sont des enquêtes difficiles, il faut aussi avoir de la chance avec soi. La structure n'est pas en cause: elle a été tellement efficace que les Américains ont copié une partie du dispositif, en 1988.
Le rapport relève encore que les avocats se plaignent de n'avoir qu'un rôle de «potiche» dans la procédure.
Il faut sans doute rééquilibrer les pouvoirs, et notamment donner plus de poids aux avocats. Mais le déséquilibre réside surtout au parquet, qui doit retrouver la plénitude de ses pouvoirs: il est responsable de l'action publique.