La lutte contre le racisme est en crise. L'un de ses plus vieux fers
de lance, la Licra (Ligue contre le racisme et l'antisémitisme), est sur le point d'imploser. L'élection qui aura lieu dimanche pour désigner un nouveau président marque le paroxysme de la crise qui déchire depuis de nombreux mois cette association fondée en 1927. Ces luttes intestines interviennent dans un contexte d'effacement progressif de l'association dans le paysage médiatique.
Militant associatif. Après SOS-Racisme dans les années 80, Ras l'Front et le Mrap dominent aujourd'hui largement les mobilisations anti-FN. Pour succéder au poste de l'actuel président Pierre Aidenbaum, maire PS du IIIe arrondissement de Paris, les deux actuels vice-présidents livrent des campagnes virulentes qui laisseront de profondes cicatrices.
D'un côté, Patrick Gaubert, chirurgien-dentiste quinquagénaire, ex-conseiller de Charles Pasqua au ministère de l'Intérieur, vice-président du consistoire israélite de Paris, jouissant d'une image médiatique inoxydable. De l'autre, un militant associatif de base, Philippe Bataille, inconnu du grand public et, de son propre aveu, «en retrait au sein de la Licra, qui aurait besoin d'un nouveau souffle».
Lobby politique. Fort des nombreux soutiens qu'il prétend avoir dans la centaine de sections de province, Philippe Bataille, 46 ans, avocat à Versailles, assure que si son adversaire est élu «il y aura des réactions telles qu'elles pourraient conduire à une scission de la Ligue». Un scénari