La polémique qui oppose Elisabeth Guigou à Jean-Pierre Chevènement
sur la délinquance des mineurs n'est que l'aboutissement de celle qui agite depuis longtemps les magistrats spécialistes de l'enfance délinquante et les policiers. Libération a recueilli les arguments des uns et des autres.
Ils étaient quatre à entourer une femme vers 23 heures. Il y avait des cris. Les policiers de la BAC (brigade anticriminalité) sont arrivés. «On discute avec notre prof», ont dit les jeunes. «On parlait gentiment», renchérit le professeur. Les policiers ont fouillé la voiture où était assis un des gamins. Ils ont trouvé quatre enjoliveurs volés. Les quatre garçons ont été placés en garde à vue, déférés au parquet et présentés au juge des enfants. «Je ne dis pas qu'il ne fallait pas intervenir, dit Jean-Pierre Deschamps, président du tribunal pour enfants de Marseille, mais tout est parti d'une agression inexistante sur une femme pour aboutir à un vol pour lequel la victime n'a même pas porté plainte. Cela vaut-il une telle procédure?» La semaine dernière, Jean-Pierre Deschamps a vu arriver dans son bureau un garçon de 14 ans, arrêté devant son collège sur un cyclomoteur ne lui appartenant pas. «Le propriétaire du cyclo, un copain de sa classe, avait l'habitude de le lui passer, explique le juge. Il a avoué que cette fois il n'avait pas demandé l'autorisation de l'emprunter et il a été interpellé alors qu'il le ramenait. Mais dans la procédure, j'ai vu que les policiers n'avaient même pas int