Difficile de jouer l'offensive en étant sur la défensive. Claude
Allègre l'a appris à ses dépens, samedi à Paris, lors du lancement officiel de sa charte pour l'école du XXIe siècle. Et la plupart des 400 enseignants présents à La Villette l'avaient mauvaise. Ils croyaient pouvoir dialoguer avec leur ministre, paraît-il soucieux depuis la fin de l'année dernière de recoller les morceaux avec le peuple des profs. Ils n'ont eu droit qu'à deux écrans géants, une heure et demie de débats ennuyeux et un discours «télévisé» prononcé deux étages plus bas, dans un petit studio réservé à quelques happy few. Jusqu'à jeudi soir, il était pourtant prévu que le ministre soit présent dans la même salle que les enseignants. Officiellement, c'est pour réserver aux Parisiens le même traitement qu'à leurs collègues de province, eux aussi réunis devant des écrans, qu'a été décidé ce changement. En fait, c'est la crainte de voir des profs en colère pourrir les débats qui a incité le ministère à changer son fusil d'épaule. Le résultat? A 9 heures, les enseignants se demandent «où est le ministre». A 9 h 40, sa première apparition à l'écran est sifflée. «C'est à vomir. On est parqués ici pendant qu'en bas, monsieur le ministre est avec sa cour», s'indigne une directrice d'école pourtant favorable à la charte. «J'en ai marre. J'aurais dû venir avec ma photo, la poser sur mon siège et m'en aller», s'énerve une autre.
Quant aux «agitateurs» tant redoutés, membres du collectif pour la démission du mini