Toulouse, de notre correspondant.
Deux BMW dont une décapotable, garées ce lundi sur le cheminement Auriacombe, et deux Golf GTI derrière les immeubles du Grand Varèse. A la même heure, un père de famille tâche de négocier à 15 francs un demi-poulet chez le boucher de la place Abbal. Quartier de la Reynerie, terre de contrastes. Mais le même père de famille dit posséder chez lui un téléviseur à écran plat acheté neuf 900 francs au fils de sa voisine. Lequel ne roule pas en BMW, «il n'a pas le permis, il n'a pas 18 ans». L'économie de la Reynerie est ainsi faite de grosse frime, de vraies galères et de petits arrangements avec le ciel.
«De quelle économie parallèle tu me parles? C'est quoi, ces conneries? Viens plutôt dans mon association et tu verras comment on aide les jeunes à trouver du boulot.» Bouffir s'énerve sous sa casquette de rappeur. Il n'a pas digéré que le préfet explique l'autre jour que les dernières émeutes à la Reynerie étaient liées au démantèlement d'un gang dans le quartier. «C'est parce que, tout d'un coup, il y aurait eu plus de fric que les jeunes se seraient révoltés" N'importe quoi. Et, pendant ce temps, le préfet oublie de dire qu'un flic a tiré sur Habib, l'a laissé crever comme un chien sans rien dire à ses supérieurs et se promène maintenant en liberté.» Le jeune homme en contrat emploi-solidarité préfère balayer tout ça d'un revers de main et user de sa mauvaise foi: «Des petits truands, ici, y en a pas.» Pierrot (1) a un autre avis sur la ques