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Libération

Forum de l'éducation: Un prof, une classe, un cours. De Ricardo aux OS de chez Peugeot.

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publié le 26 janvier 1999 à 23h19

«Ce cours du samedi, c'est autre chose», dit Fabienne, professeur de

sciences économiques et sociales. A 8 heures du matin, ils ne sont que deux ou trois profs à faire classe. Il fait encore nuit. L'immense lycée paraît désert. La salle de classe baigne dans une atmosphère très particulière. «On se retrouve pour travailler pendant que la ville dort, on se sent un peu héroïques.» Ce précieux rendez-vous, Fabienne le réserve aux dix-huit élèves de terminale ES qui ont choisi l'option économie renforcée. Il ne s'agit pas des meilleurs élèves. Pourtant, Fabienne n'hésite pas à aborder Adam Smith, Karl Marx ou Max Weber. Les lycéens sentent bien qu'ils ont affaire à des textes exigeants. Ils en conçoivent une évidente fierté. Ce matin, la classe aborde un texte de 1817 dans lequel Ricardo entend démontrer que les nations ont intérêt à commercer et à supprimer les droits de douane. Avant le cours, les élèves étaient censés travailler chez eux sur un extrait photocopié. Fabienne exige de chacun un résumé écrit. Ce cours sert d'illustration au chapitre du programme sur les échanges et la mondialisation. Il a été précédé de plusieurs séances consacrées à Adam Smith et à sa célèbre démonstration de l'intérêt de la division internationale du travail (à l'Ecosse la production de drap, à l'Aquitaine celle des vins de Bordeaux). Ricardo va plus loin: prenant l'exemple du Portugal, il démontre que même une nation performante dans les deux productions a intérêt à utiliser sa main-d'oeuvre l