Lyon, envoyée spéciale.
Assis dans un fauteuil roulant, à l'hôpital Edouard-Herriot, le jeune garçon ne se souvient de rien, répond à peine aux questions. «Effrayé, sonné et confus», selon une des rares personnes à l'avoir approché. Sait-il seulement qu'en tenant cinq heures entre Dakar et Lyon, blotti dans le train d'atterrissage d'un Airbus, il a échappé à une mort quasi-certaine? Hospitalisé en grand secret depuis son arrivée, dimanche 17 janvier, à l'aéroport de Satolas, le garçon a demandé l'asile politique hier et sera placé dans un foyer. Il dit qu'il s'appelle Bertrand Anri, qu'il a eu 15 ans le 1er janvier. Et aussi qu'il n'est pas sénégalais et qu'il est né à New York. «A Sydney, plutôt», ironise un policier en faction devant sa porte.
Epopée. Il y a tant de choses incroyables dans cette folle équipée. A commencer par ce voyage, en jean et tee-shirt, dans un vent et un froid d'enfer (autour de moins 50 degrés de température extérieure) et une atmosphère raréfiée en oxygène. Dans les milieux aériens, la stupéfaction est d'autant plus forte que les rares jeunes qui tentent la même aventure sont tous arrivés morts, transformés en un bloc de glace qui tombe du train d'atterrissage lors du contrôle de l'appareil. «On peut néanmoins les découvrir plus rapidement quand, parfois, le corps, dégelé, laisse entrevoir un bras ou une jambe qui pend», raconte un médecin de Roissy.
Bertrand Anri a eu plus de chance. Arrivé à Lyon dans le coma et en hypothermie, il a d'abord été pla