On nous répète toujours que le «modèle américain» débarque ici tôt

ou tard. Pour le fast-food, pour les sitcoms, on s'y est faits. Mais, dans l'automobile, le mouvement est plus insidieux. La traversée de l'Atlantique s'accomplit morceau par morceau: pas question de se trimballer dans des corbillards de 7 mètres aux suspensions aussi ramollies que des ressorts de stylo, comme on les adore dans l'Ohio.

Adaptation à l'inutile. Le squat américain de nos autos a commencé par les porte-gobelets. L'air de rien, depuis quelques années, nos Renault-Peugeot se sont mis à creuser de jolis trous dans les couvercles de leurs boîtes à gants, histoire d'y caser le gobelet de Coca. Et, face au renversement systématique à chaque accélération, ils ont perfectionné le système: voilà d'étranges cercles de plastique qui sortent des planches de bord par une simple pression et dans lesquels le godet est aussi solidement arrimé qu'une plate-forme off-shore dans la mer du Nord. C'est mieux, mais so what? Les constructeurs ont juste oublié que nos habitudes alimentaires sont un poil différentes de celles de l'Americanus automobilicus. Ici, on mange généralement à heures fixes, et le grignotage au volant reste exceptionnel, cantonné aux migrations estivales. Idem pour la fermeture des portes depuis un bouton placé en évidence sur le tableau de bord. Toutes les autos européennes sont aujourd'hui pourvues de ce gadget. Or, il est assez rare de traverser Bordeaux ­ mettons ­ à 3 heures du matin dans sa T