Officiellement, le ministre se contrefiche d'une poignée de
trublions exaltés. «Cinquante enseignants sur un million, ce n'est pas beaucoup», fait-il observer à propos de ceux qui pétitionnent et manifestent pour obtenir sa démission. En vérité, Claude Allègre est inquiet. Il veut savoir qui sont ces adversaires insaisissables qui échappent au contrôle des états-majors syndicaux. La mobilisation touchait hier, à des degrés divers, une cinquantaine d'établissements de la région parisienne. Le recteur de l'académie de Versailles s'est rendu cette semaine au lycée René-Cassin de Gonesse, à la rencontre des fondateurs de la «coordination Paris-Nord». L'académie de Paris a tenté, sans succès, d'obtenir du proviseur du lycée Henri-IV quelques informations sur les rédacteurs d'un «Manifeste pour un lycée démocratique». Au cabinet du ministre, des conseillers internautes visitent régulièrement les sites préférés des enseignants frondeurs: celui du Collectif pour la démission d'Allègre, coordination parisienne fondée au lycée Voltaire, et celui de «Reconstruire l'école», association animée par des agrégés de philosophie.
Blessures. «Je suis devenu un prof plutôt classique, en tout cas très sceptique sur les discours pédagogiques», confesse Emmanuel Garcia, prof d'histoire à Gonesse, en grève reconductible depuis le 18 janvier. Avec son noyau dur d'anciens gauchistes, en poste depuis plus de vingt ans, le lycée René-Cassin a une réputation de village d'Astérix. A la fin des années 70, i