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Libération

L' excision aux assises de Paris. Une coutume qui ne passe pas la barre. Une trentaine de personnes, dont l'exciseuse sont jugées après la plainte d'une victime.

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publié le 3 février 1999 à 23h36

Dans le box des accusés, une trentaine d'Africaines, dont l'une

donne la tétée à un bébé, ont revêtu leurs plus beaux boubous. Elles ne sont pas venues à un baptême mais savent qu'elles ont tout intérêt à forcer l'exotisme" leurs défenseurs ont l'expérience de ces procès.

Sur les bancs de la partie civile, une autre Africaine leur fait face. Mariatou, en tailleur pantalon gris et chemisier blanc, celle qui a dénoncé. Cette étudiante en droit de 23 ans se retrouvait hier à cinq mètres de parents qu'elle n'a pas vus depuis le soir de ses dix-huit ans, d'Hawa Greou qui l'a excisée lorsqu'elle avait huit ans et des mères poursuivies pour complicité de «violences volontaires commises sur des mineures de quinze ans ayant entraîné une mutilation». Comme au cours des précédents procès d'excision, les accusées donnent l'impression d'être d'une autre planète, sans comprendre pourquoi elles se retrouvent là.

Pleurs. La greffière égrène les noms des accusées, précisant parfois qu'il s'agit de coépouses, puis ceux des petites filles mutilées. Un bébé pleure dans box. Elle doit hausser la voix. «Est-il possible de faire sortir cet enfant?», demande la présidente, excédée. Le gendarme, bonhomme, fait sortir la mère et l'enfant. «Le bébé seul», reprend la présidente. Les avocats de la défense protestent: «Il faut bien qu'elle s'occupe de son bébé, elle n'a pas les moyens de se payer une baby-sitter.» Les avocates de la partie civile s'engouffrent: «Leurs maris peuvent aussi garder les enfants