Les plaignants entrent menottés et prennent place dans le box
réservé aux accusés. Hier, cinq policiers étaient jugés par le tribunal correctionnel de Versailles, et pour l'occasion, la salle de la cour d'assises a été réquisitionnée. Dans le box, donc, encadrés par d'autres policiers, Ahmed Selmouni et Abdelmajid Madi, qui purgent treize et dix ans de prison pour trafic de drogue. Et, du côté où se tiennent d'ordinaire les victimes, cinq policiers. En novembre 1991, ils appartenaient à la brigade des stupéfiants de Bobigny lorsqu'ils ont arrêté les deux hommes. Du coup, l'affaire, instruite dans un premier temps à Bobigny, a été dépaysée à Versailles pour éviter tout soupçon de partialité. «Tu vends de la drogue, on va te piquer.» C'est pendant la garde à vue au commissariat de Bobigny que se seraient produits les faits de «coups et blessures volontaires avec arme», plus une agression sexuelle sur Selmouni. «Des tortures», a conclu la Commission européenne des droits de l'homme. Un vrai massacre, à entendre les conclusions des médecins experts. Ça a commencé, selon Selmouni, dans sa chambre d'hôtel, près de la gare du Nord, où les policiers perquisitionnent après son interpellation. «L'un m'a mis un coup de poing à l'arcade sourcilière. Puis on est arrivés au commissariat. Au premier étage, ils m'ont fait déshabiller, m'ont pris mon argent hollandais et m'ont dit: "Sur les PV on ne marque que l'argent français. Le chef m'a tiré les cheveux, m'a fait mettre à genoux. Ils me