Claudine Attias Donfut, sociologue, est directrice de recherche à la
Caisse nationale d'assurance vieillesse et auteur de Solidarités entre générations (Nathan). Favorable à l'instauration de minima sociaux pour les jeunes de moins de 25 ans, elle explique ici pourquoi.
«Nos enquêtes montrent que les jeunes les plus aidés familialement sont également ceux qui reçoivent le plus de prestations sociales. C'est une idée ancrée dans la tête du législateur que les parents profiteraient des prestations sociales pour se désengager. Mais c'est exactement le contraire qui se passe. Les prestations sociales stimulent, soutiennent les efforts des parents. Quand il n'y a rien, les parents s'épuisent financièrement, c'est trop lourd et cela provoque des ruptures: débrouille-toi tout seul, je n'en peux plus. Quand un jeune peut bénéficier d'une bourse ou d'une aide au logement, les parents complètent, et l'autonomie de leur enfant se gagne progressivement, la famille supporte plus longtemps la période de recherche d'emploi.
«On sait qu'il y a moins de solidarité quand la famille a connu des ruptures conjugales, des conflits. Et c'est dans ces familles que l'on trouve le plus grand risque de désafiliation totale, de mise à la porte. Les inégalités affectives créent, ou renforcent, les inégalités sociales «Dans les pays nordiques, on reconnaît tous les droits à l'âge de dix-huit ans, quels que soient les revenus des parents. L'aide publique favorise l'autonomie des individus par rapport à la f