Un procès historique, est-ce d'abord une ambiance? Au tout début de
la matinée, elle est lourde, pesante. Incertaine aussi. Chacun attend, regarde. Quatre cars de gardes mobiles entourent le Centre international de conférences, avenue Kléber à Paris. Pas le moindre manifestant, mais des ambulances pour rappeler la maladie. Tandis qu'une petite vingtaine de télévisions cherchent désespérément des témoins, des personnalités.
Le lieu n'arrange rien. Tout l'espace paraît maîtrisé et contrôlé. Loin des salles habituelles des palais de justice. Là, le décor parait virtuel, sans tache aucune, ni passé. C'est la première fois, les premiers pas. D'un côté les juges, de l'autre les accusés; à droite les 120 journalistes, à gauche le maigre public. Et un mobilier terriblement fonctionnel. Et puis, d'un coup, cela bascule. 10 h 35, la cour. Un silence solennel. «L'audience est ouverte, je demande aux photographes de quitter la salle», lâche le président de la Cour de justice de la République, Christian Le Gunehec. Les trois accusés ont refusé d'être pris en photo. Les 29 juges se sont assis (1). Puis, ils arrivent: d'abord Laurent Fabius, puis Georgina Dufoix, enfin Edmond Hervé. Pas un bruit. Juste Edmond Hervé qui pose un dossier sur sa table. Et le président demande de faire entrer tous les témoins pour fixer les jours de leur audition.
Faux pas. Peut-être, aussi, un procès historique se distingue-t-il par ses premiers moments, forcément inclassables. Tout est prêt, mais tout le monde h