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Libération

Chamonix après l'apocalypse. Dix morts et deux disparus dans l'avalanche de mardi.

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publié le 11 février 1999 à 23h42

Mardi, à 14 h 40, lorsque l'avalanche s'est déclenchée au fond de la

vallée de Chamonix, Jean-Franck Charlet n'a rien entendu: la neige étouffe tous les bruits. Ce guide habite pourtant le village de Montroc, à 150 mètres de l'apocalypse. Avec cette neige qui tombait sans discontinuer depuis quatre jours, il était calfeutré chez lui, à écrire. Les coiffes de neige épaisses de 3 mètres donnaient aux chalets des allures d'igloos: «Chez soi, c'est le cocon. Personne ne peut se dire: ma maison va être rasée" Hier, c'était un piège.» Lorsque, au téléphone, un voisin l'a prévenu qu'il avait vu passer des arbres dans le vent de l'avalanche, Jean-Franck Charlet s'est rendu aussitôt sur les lieux: «C'est un cataclysme épouvantable, raconte-t-il, la voix assourdie par l'émotion. Treize chalets ont été pulvérisés, et quatre autres soufflés comme des fétus de paille.» Encore sous le choc, il parle de ces parents «morts avec la petite fille qu'ils gardaient. Et cette fillette, orpheline à 13 ans" elle a tout perdu, elle n'aura pas un seul souvenir de famille auquel se raccrocher pour survivre. Car, du chalet familial, il ne reste rien.»

Sous le choc. Au lendemain de l'avalanche la plus meurtrière de son histoire ­ au moins dix morts et deux disparus ­, Chamonix était hier sous le choc. Chacun, ici, a perdu un ami, héberge un proche: la protection civile a fait évacuer 200 personnes de chalets exposés. Toute la journée, dans ce qui reste du hameau, les sauveteurs ont creusé la neige durci