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Libération

L'excision devant les assises de paris. «La violence indiscutable de l'emprise de la tradition».Sept ans de prison ont été requis contre l'exciseuse.

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publié le 13 février 1999 à 23h44

Contre l'exciseuse, l'avocat général a requis sept ans de prison. Et

contre les 27 parents poursuivis, eux, pour «complicité», cinq années avec sursis. «J'ai le souci de faire le procès de l'excision au nom de cet universel humain qui rend insupportables les atteintes à l'intégrité de l'être humain, où qu'il soit», avait cadré d'emblée Philippe Bilger. Les avocats de la partie civile espéraient de la prison ferme pour les parents. Le «sursis», estime l'une d'elles, équivaut à un permis d'exciser.

Vendredi, la cour d'assises de Paris a balancé, le matin, du côté d'un réquisitoire demandant «réparation» pour Mariatou, excisée à 8 ans par Hawa Greou, sous les yeux de sa mère, et qui criait: «Pourquoi, pourquoi?» «Nous ne serions pas là si cette jeune fille au courage inouï n'avait porté plainte. Sa soeur et elle veulent retrouver la chaleur de l'amour, de la jouissance, de l'humaine condition.» L'après-midi, la même cour s'est retrouvée gênée aux entournures par la plaidoirie du premier avocat de la défense. Me Gerphagnon, au nom de Mme Koita, la mère de Mariatou, a posé les limites de ce procès: «Puisque la justice française assimile l'excision à un crime, il faut trouver un criminel, et le crime doit être puni.»

«C'est leur loi.» Alors, cinq ans avec sursis pour des criminelles, c'est évidemment peu. Mais jamais la cour ne les a traitées comme telles: «La plupart de ces femmes sont honorables, estimables, courageuses, a rappelé l'avocat général, elles sont arrivées en France av