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Libération
Reportage

Dans le bassin de Longwy, entre racisme et misère.«Nous, les blancs de la ZUP».

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publié le 15 février 1999 à 23h44

Le 27 janvier, lorsque Lionel Jospin a dévoilé le plan

gouvernemental de lutte contre l'insécurité, Michael n'a pas écouté. Marc non plus. Ni Marcel, ni André, ni Momo. A quoi bon, disent-ils. Leur vie tout entière est minée par le sentiment d'insécurité et, plus encore, par la certitude d'être abandonnés. Reportage en HLM autour de Longwy.

Longwy envoyée spéciale Ici, «vivent des Français qui ont appris à baisser leur froc», dit Grégory. Ici, c'est Réhon, 3 500 habitants, dans le bassin sidérurgique de Longwy. Grégory a 18 ans et n'arrive pas à parler calmement. «Mon but, c'est de vivre aux dépens des autres, de force si possible.» Si on lui parle métier, il répond: «Dans la drogue.» Si on lui parle logement, il dit: «Loin des ratons.» Grégory agrippe chaque mot, le charge de poudre puis le renvoie comme une bombe. Son père est cadre syndical, la gauche grand teint, droits de l'homme et mobilisation le dimanche. «Le racisme, c'est la violence qui me reste pour ne pas être complètement mort, dit encore Grégory. Tout le monde peut avoir une bonne raison d'en vouloir aux Arabes. Il suffit de la chercher.» A Réhon, une dizaine de familles d'origine étrangère sont installées depuis quatre ans. «Forcément, ça devait finir dans la merde.»

Cela s'est passé le 20 novembre dernier, un peu plus bas dans la grande rue. Un policier de Longwy raconte: «Il était 19 h 15. Deux gris [beurs, ndlr] sont entrés dans la pharmacie avec un flingue pendant qu'un Gaulois faisait le guet dans la voitur