L'essence pollue, c'est fatal. Mais le carburant des
stations-service de l'Hexagone pourrait être moins sale si les pétroliers et les pouvoirs publics français s'alignaient sur leurs voisins européens. Le progrès de l'essence sans plomb a masqué le fait que d'autres polluants sont toujours présents. C'est le cas des aromatiques. Et surtout, du premier d'entre eux: le benzène. Contrairement à ce qu'indique leur nom, ces aromatiques n'ont rien à voir avec les parfums de détergents pour toilettes qui égayent depuis quelques mois les pleins dans les stations Elf.
Si ces additifs servent à faciliter l'explosion, ils polluent l'atmosphère et portent directement atteinte à la santé des consommateurs. L'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) les épingle régulièrement, et cet acharnement a fini par payer. Le benzène a été réduit à 0,1% dans tous les produits où il est présent (peinture, solvants, etc.). Tous, sauf l'essence, où il est autorisé à hauteur de 5%. «Il fait partie intégrante de la composition de ce carburant», s'excuse un responsable de l'Ufip (Union française de l'industrie pétrolière). L'exception italienne. Certes, mais dans ce cas, comment se fait-il qu'en Italie l'essence ne contienne que 1% de benzène, selon la norme locale. Dans ce pays, les pétroliers français (Total, Elf) sont présents et s'alignent sur ces normes. Au niveau européen, une directive, vieille de deux ans déjà, souhaite limiter cette teneur à 2%. Hélas, son application