Le climat dans l'enquête Erignac s'est tellement dégradé que Lionel
Jospin a dû lui-même serrer les boulons en publiant samedi un communiqué assez sec de mise au point. «Aucune enquête parallèle à l'enquête judiciaire n'a été menée», tranche le Premier ministre, après une batterie d'articles qui assurent le contraire. Les gendarmes sont soupçonnés d'avoir profité d'un dossier pour enquêter discrètement sur l'assassinat de Claude Erignac, avec l'aide de la DGSE (les services spéciaux), le soutien du préfet de région Bernard Bonnet et l'aval de Matignon. Plusieurs journaux ont assuré que des suspects avaient même été écoutés, au même moment, par les gendarmes et les policiers de la Division nationale antiterroriste (DNAT), officiellement chargés de l'enquête. Les policiers eux-mêmes auraient été écoutés par des services concurrents. La gendarmerie a vivement démenti, mais l'affaire s'est suffisamment envenimée pour que Lionel Jospin convoque à Matignon, le 4 février, les ministres concernés pour arrêter immédiatement les frais. Alain Richard, le ministre de la Défense, a assuré que la DGSE n'avait écouté personne en Corse, mais il a pris l'histoire de haut sans se rendre compte qu'elle tournait à l'affaire d'Etat: c'est le propre cabinet de Lionel Jospin qui est accusé d'avoir laissé prospérer l'enquête parallèle.
Le Premier ministre a décidé d'en avoir le coeur net. Il a demandé à Dieudonné Mandelkern, le président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sé