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Libération

Les barreaux et la plume. Des détenus de Fleury découvrent l'écriture littéraire.

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par Christina L'HOMME
publié le 16 février 1999 à 23h46

Le bip du portique, le clac de la grille. Un long couloir. Du bruit

partout. Des téléviseurs qui se répondent. Des bâtiments carrés, bétonnés. Des murs. Fleury-Mérogis. Dans la cour, un ballon blanc rebondit sur le béton. Des gros chats, des corneilles qui fouillent dans les poubelles. Et puis, une salle plus claire. Un lieu différent, les murs couverts de livres. Une petite bibliothèque normale, comme celles de l'extérieur. Avec des couleurs et des fauteuils, des tables et des rayonnages. Et même des détenus bibliothécaires.

Depuis plusieurs années, des détenus de Fleury-Mérogis ­ la plus grande prison d'Europe avec 4 000 détenus ­ viennent ici par groupes de 10 à 15. Ils se réunissent chaque semaine pour des cercles de lecture animés par l'association Lire c'est vivre, des ateliers de contes, d'écriture ou de théâtre. Chaque bâtiment a sa bibliothèque et ses cercles. Prose, poésie, théâtre: les prisonniers goûtent la littérature, écoutent, prennent des notes, discutent. Puis les mots inspirent d'autres mots. Et, tout détenus qu'ils soient, «mecs du milieu», petits ou grands délinquants, ils se font créateurs. «Ils n'écrivent pas sur ce qui se passe à Fleury, comme le font la plupart des journaux de prison (il en existe environ 60 en France, ndlr), mais sur ce que la littérature éveille en eux», souligne Geneviève Guilhem, présidente de l'association de lecture. «Car si la prison pousse au narcissisme, c'est justement ce qu'on veut éviter dans notre revue.»

«Qualité d'écoute»