Bobigny, tribunal correctionnel, salle n°5
A la sortie du lycée, il a tenté d'empêcher la police d'interpeller son petit cousin, au milieu d'une trentaine de jeunes. Karim a été embarqué, menotté. Il est seul à la barre du tribunal, mais dans la salle, tous ses copains sont là. «Vos réquisitions, madame le procureur», demande le président. Ce n'est pas à Karim de parler, il ne l'a pas compris et murmure: «J'ai rien fait, j'ai juste demandé ce qui se passait.» Le président: «Monsieur, vous n'avez pas la parole, si vous continuez, vous serez expulsé et ne reviendrez que pour entendre le jugement.» La procureur se lève: «Nous avons vu qu'il a extrêmement mauvais esprit. Le même qui l'a fait agir pour son cousin, lui le justicier qui vient avec son cartable sous le bras. Non monsieur, vous ne jugerez pas la police, non monsieur, ce n'est pas votre travail de l'empêcher d'agir. Si tout le monde fait comme ça, ça va sauter!» Elle réclame trois mois avec sursis et 5 000 F d'amende. Le tribunal divise par deux. L'audience continue, sous surveillance. Une femme policier tourne dans la salle, les bras croisés sur la poitrine. Elle intervient sur un signe de la procureur. Fait redresser un homme qui appuie sa tête sur le dossier du banc. Il recommence, elle revient. «Sortez, monsieur, vous n'êtes pas au lit.» Souvent, la procureur tape sur son bureau. «Silence dans la salle.» Ou crie: «Ce n'est pas la foire, ici.» Un portable sonne. Un geste de la procureur à la policière. «Portable co