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Libération
Interview

Le procès du sang contaminé. «Je n'avais pas la moindre information sur les risques de ces collectes». Mise en cause, Myriam Ezratty, ex-directrice de l'administration pénitentiaire, répond.

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publié le 23 février 1999 à 23h51

Lors de son audition comme témoin par la Cour de justice de la

République, Jacques Roux, ancien directeur général de la santé (DGS), a dénoncé le rôle de Myriam Ezratty, directrice de l'administration pénitentiaire (AP) d'avril 1983 à juillet 1986, dans la collecte du sang dans les prisons. Cette question a de nouveau été débattue lors de l'audition, vendredi, de Michel Lucas, ancien chef de l'Inspection générale des affaires sociales: l'Igas était en effet représentée au comité santé-justice, créé en 1984 sous l'impulsion de Myriam Ezratty, qui gérait les problèmes de santé des détenus. Selon le rapport conjoint de l'Inspection des services judiciaires (ISJ) et de l'Igas en 1992, les collectes de sang en prison n'ont représenté que 0,37% des prélèvements effectués en France en 1985, mais auraient été à l'origine d'environ 25% des contaminations post-tranfusionnelles cette année-là. C'est une spécificité française. Pourquoi les collectes se sont-elles poursuivies en prison, alors que, notamment, le nombre de toxicomanes en faisait des lieux à risques? Le rapport Igas-ISJ mettait essentiellement l'accent sur la défaillance de la DGS, divisée sur le sujet. Paradoxalement, la première alerte, fin mai 1985, est venue de l'administration pénitentiaire. A la suite d'une réunion convoquée le 7 juin 1985, le Dr Jean-Baptiste Brunet, fonctionnaire de la DGS, qui, à titre personnel, milite pour l'arrêt des collectes, informe par une note son patron, Jacques Roux. Ce dernier tranche par