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Libération

Anthony Sauve est jugé aux assises de Paris.

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Quelques gouttes mortelles dans le sillage d'Anthony. Pour les voler, il draguait des hommes et les droguait. Deux en sont morts.
publié le 23 février 1999 à 23h51

Comme dans l'Appât, le film de Bertrand Tavernier, Anthony Sauve draguait pour voler. Comme dans le film, certains en sont morts. A la différence de la fiction, il opérait en solo. Appât et voleur. Sa motivation? L'argent, pour continuer à parcourir le monde avec sa petite copine. Hier, il comparaissait devant la cour d'assises de Paris pour «vols avec violences ayant entraîné la mort». Sauf quand il répond aux questions, l'homme se terre sous le box. Ne dépassent que ses cheveux noirs bien lissés ou son regard clair, à la dérobée. On est loin des descriptions faites lors de son arrestation, le 11 avril 1995: «Beau gosse», «beau brun». Là, il paraît petit, emprunté, parlant d'une voix traînante et multipliant les excuses. L'allure est stricte, en costume mastic à fines rayures et chemise claire. A l'époque, ce cuisinier de profession (quand il travaillait) séduisait des hommes afin de les dépouiller. Pourquoi eux, demande le président Jean-Pierre Getti. «C'est un milieu facile, aisé. Des gens bien, avec qui on peut rapidement faire connaissance.» Quelques gouttes. Ses victimes, il les rencontrait dans des bars, des restaurants ou à la belle étoile, près des Tuileries. Ces soirées de maraude, neuf en l'espace de deux mois (du 1er janvier au 2 mars 1995), se concluent invariablement chez l'ami fraîchement rencontré. On boit un verre, on s'embrasse. Une esquive, le temps de verser dans le café ou le whisky quelques gouttes d'un puissant hypnotique. Du Rohypnol, un somnifère sou