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Libération

Un pharmacien «raciste» condamné. Jean Vantine avait refusé d'embaucher un Français d'origine marocaine.

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publié le 24 février 1999 à 23h52

Poursuivi pour «discrimination à l'embauche», Jean Vantine, 42 ans,

pharmacien à Solesmes (Nord), a été condamné hier, par le tribunal correctionnel de Cambrai, à 30 000 francs d'amende, trois mois de prison avec sursis, et à verser un euro symbolique à Zakaria Chakib.

Ce Français d'origine marocaine, âgé de 36 ans, candidat à un poste de pharmacien-assistant, avait effectué un après-midi d'essai à l'officine de Jean Vantine. Le soir même, le jeune pharmacien repartait chez lui, confiant, attendant l'appel téléphonique qui devait confirmer son embauche.

Courrier bref. Deux jours plus tard, c'est un courrier manuscrit et bref qu'il recevait: «Je ne peux vous confier le poste de pharmacien assistant pour les motifs suivants: ma clientèle ne semble pas apprécier vos origines étrangères.»

Le Parquet a immédiatement engagé des poursuites contre le pharmacien. «Une maladresse, a tenté d'expliquer Jean Vantine à la barre, je ne suis pas raciste, mais j'ai des impératifs économiques. J'ai remarqué un climat de malaise dans ma pharmacie. Mon personnel m'a affirmé que des clients avaient changé de file pour ne pas être servis par monsieur Chakib. D'autres l'ont questionné sur ses origines.» Après l'envoi de sa lettre, Jean Vantine a joint Zacharia Chakib pour s'excuser.

Mais, hier, il s'embrouille, s'entête: «Ce serait à recommencer, je prendrai la même décision mais sans en préciser les motifs.» La phrase fait bondir les avocats du Mrap et de la Ligue des droits de l'homme, qui se sont c