A la barre, il y a Raymond, 37 ans. Ses longues dreadlocks pendent
dans son dos, sur sa chemise à carreaux. Dans la salle du tribunal, Nicole Jousse, toute en noir, tient dans son sac la photo de sa fille, une jolie blonde qui rit. Marjorie est morte à 21 ans, le 17 décembre 1996, dans la chambre de Raymond d'une overdose de médicaments. Un mélange détonnant d'hypnotiques, de somnifères et d'amphétamines, Rohypnol, Tercian et Ortenal, donnés ou vendus par Raymond. Hier, il était poursuivi devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour homicide involontaire. Mais Nicole Jousse est venue demander aux juges de se déclarer incompétents et de le renvoyer devant la cour d'assises. Pour elle, Raymond ne pouvant ignorer la dangerosité des produits administrés à Marjorie, devrait être poursuivi pour «administration de substances nuisibles ayant entraîné la mort», un crime réprimé par l'article 222-15 du code pénal de quinze ans de réclusion. Son avocat, Bernard Prévost a tenté d'en convaincre les juges. Il a commencé par un habile parallèle d'actualité: «En matière de justice, nous savons tous que comparaison n'est pas raison. Mais peut-on imaginer l'état d'esprit de madame Jousse à la lecture de la presse? En voyant de grands juristes s'interroger sur la qualification de certains actes ayant entraîné la mort? En entendant parler à ce propos d'empoisonnement? Et de constater que celui qui est à l'origine directe de la mort de Marjorie aurait provoqué cette mort par maladresse, par i