Pour avoir témoigné, début février, lors du procès en diffamation qu'intentait Maurice Papon à l'écrivain Jean-Luc Einaudi à propos des événements du 17 octobre 1961, Brigitte Lainé, conservatrice aux archives parisiennes, est aujourd'hui sous la menace de sanctions disciplinaires.
La poursuite de Papon. Einaudi avait affirmé que la répression policière perpétrée ce jour de 1961 à l'encontre des manifestants nord-africains constituait «un massacre» perpétré «par des forces de police agissant sous l'ordre de Maurice Papon». Le haut fonctionnaire de Vichy, condamné, à Bordeaux en 1998, à dix ans de réclusion criminelle pour «complicité de crimes contre l'humanité», attaquait Jean-Luc Einaudi en diffamation. Lors des audiences devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, celui-ci faisait citer Brigitte Lainé, conservatrice actuellement détachée à la Ville de Paris, en charge des archives judiciaires. Elle révélait que 103 dossiers d'instruction (concernant 130 personnes) avaient été ouverts de septembre à décembre 1961, allant ainsi à l'encontre de la thèse officielle du nombre, très inférieur, de disparus.
Un manquement au devoir de réserve selon l'administration, «un acte de courage civique» selon Jean-Luc Einaudi, qui, hier, tenait un point de presse au siège parisien du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples). Les menaces de sanctions? «Une opération dérisoire et lamentable visant à maintenir le couvercle sur cette r