Le Havre, correspondance.
A quai depuis cinq ans, mis en vente sur saisie pour la huitième fois, le cargo angolais Kifangondo rouille dans le port du Havre et ne trouve toujours pas acheteur. Sa mise à prix a chuté de 2,5 millions de francs en octobre 1996 à 562 000 francs, hier, lors de la vente aux enchères au palais de justice du Havre. Trois représentants d'un armateur grec, des courtiers maritimes et des ferrailleurs français s'étaient déplacés. Les uns avancent que le coût du navire reste trop élevé, étant donné le marché actuel de la ferraille. Les autres reprochent la rigueur procédurière de l'administration maritime du port: l'acheteur n'aurait pas l'autorisation de le remorquer hors du port pour des motifs de sécurité. L'armateur grec se disait hier prêt à payer le navire 300 000 francs pour le retaper, mais aimerait davantage de souplesse du côté de l'administration française. Quatre marins à bord. Derrière ces discussions, il y a quatre hommes. Manuel, Miguel, Dominguo, mécaniciens, Felipe, officier. Depuis deux ans, ils forment le troisième équipage du navire. Sans salaire et sans papiers. Avec Hector Da Silva, chef mécanicien portugais, arrivé en décembre 1996, ils attendront encore avant d'être fixés sur leur sort. Pour eux, qui s'accrochent à leurs contrats de travail, deux mois de salaire et des billets d'avion aller-retour Paris-Luanda valables deux mois, la galère a commencé en mars 1997. Aujourd'hui, Felipe résume: «Après une si longue absence, nous ne