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Libération

Parole de militant contre parole de policier. Michel Beurier, syndicaliste CGT, était jugé pour aide à un sans-papiers.

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publié le 9 mars 1999 à 0h04

Clermont-Ferrand, envoyée spéciale.

De dos, le syndicaliste et le policier offrent au public les mêmes épaules solides et les mêmes mains croisées sur les reins. Mais ils racontent deux histoires diamétralement divergentes: parole contre parole, version contre version. Hier, Michel Beurier comparaissait devant le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand pour avoir à la fois, le 21 août 1998, blessé un policier et aidé un sans-papiers à s'échapper du tribunal administratif qui venait de confirmer sa reconduite à la frontière.

Confusion. Syndicaliste et cadre de la CGT, Michel Beurier est poursuivi, disent ses soutiens, pour «délit de solidarité». Un délit qui, du temps des lois Debré, avait jeté dans la rue plus de 100 000 personnes, pour défendre une jeune femme, Jacqueline Deltombe, accusée d'avoir hébergé un sans-papiers en 1996. Devant les juges, un tableau illustre les lieux des délits: la petite salle du tribunal administratif d'où Idrissa Bieng, un sans-papiers sénégalais, a profité de la confusion générale pour fuir dans la foule puis dans la rue. Sans retour. «Je le tenais par le bras droit. Tout à coup, je l'ai senti comme aspiré par la foule comme par un entonnoir. Monsieur Beurier m'a violemment attrapé le bras gauche, j'étais écartelé et j'ai lâché monsieur Bieng, qui en a profité pour fuir», raconte le policier Streichenberger, de la Diccilec (ex-police de l'air et des frontières). Un certificat médical atteste des séquelles de cette échauffourée: une subluxat