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Libération

Le gage de la geôlière émue par la détenue. Corinne Moreau avait fourni un portable à Valérie Subra. Le tribunal a été clément.

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publié le 16 mars 1999 à 0h09

Rennes, envoyée spéciale.

A la barre du tribunal correctionnel de Rennes, la prisonnière et la geôlière de la centrale des femmes de la ville sont vissées par l'amitié. La première a reçu de la seconde un téléphone portable, interdit en détention, même pour rompre l'isolement de nuit. Toutes deux sont habillées de noir. Après quatorze années d'enfermement, Valérie Subra, 32 ans, n'a rien perdu de ses rondeurs enfantines et de ses moues charmeuses. Aujourd'hui, manteau et pantalon de coupe élégante, elle a souligné ses yeux d'un trait de khôl. Corinne Moreau, 36 ans, ouvrière en bijouterie licenciée, devenue surveillante de prison pour élever en mère célibataire son enfant de 11 ans, cheveux courts, visage dur aux traits marqués, porte un jean mal taillé et une ample veste en similicuir fermée à double tour par des passements de métal.

Cachette. Le téléphone mobile et son chargeur ont été découverts dans la cellule de la condamnée à perpétuité le 23 novembre 1998, dissimulés dans une enceinte de chaîne hi-fi. En 1984, Valérie Subra, fille de parents plusieurs fois divorcés, élevée strictement en institution religieuse, a croqué ses 18 ans tout neufs dans les boîtes de nuit parisiennes, le Martin's, l'Apocalypse, les Jardins de la Boétie, à séduire des hommes argentés et à collectionner les cartes de visite pour devenir mannequin. La petite vendeuse de fringues du Sentier a servi de «chèvre» à son amoureux en titre et à un troisième couteau, pour entrer chez un avocat parisien