Le titre de son livre se veut provocant: l'Euthanasie foetale. Mais,
aujourd'hui, le Pr Jacques Milliez ne cache pas qu'il est gêné. L'homme dirige la maternité de l'hôpital Saint-Antoine à Paris, qui assure plus de 2 000 naissances par an. Et, comme tout gynécologue, il est confronté à ce que l'on appelle techniquement l'IMG ou l'ITG, l'interruption médicale ou thérapeutique de la grossesse. C'est-à-dire l'arrêt d'une grossesse, passé les douze semaines où l'avortement est légal.
En France, la législation est très ouverte, puisque l'IMG peut intervenir jusqu'à la veille de la naissance. Il faut l'accord formalisé de deux médecins experts, ces derniers devant estimer que «soit la grossesse met en danger la santé de la mère, soit le foetus est atteint d'une maladie particulièrement grave, et déclarée incurable». Tous les ans, il s'en pratique autour de 7 000 en France. Un chiffre en légère progression. «Mon but, bien sûr, n'est pas de m'y opposer, et je les pratique, dit Jacques Milliez. Bien souvent, il n'y a pas le choix. Mais, à force de le faire et de ne rien dire publiquement, j'ai peur que cela devienne une routine.»
Question de la douleur. Or la routine, cela ne correspond pas tout à fait à cet acte médical à part. Le geste peut être brutal. Quand l'IMG intervient dans les dernières semaines de la grossesse, il s'agit d'un véritable accouchement; mais, au préalable, il a fallu provoquer la mort du foetus par injection d'un produit. Ce n'est que très récemment que s'est p