Sur son banc, Naja relève la tête, baissée jusque-là. Dans le
prétoire, un témoin parle de lui, de son courage d'avoir porté plainte. La salle, très jeune, très pleine, très black-blanc-beur, applaudit comme au spectacle. Lundi, à Tours, le PDG d'une boîte de nuit, son portier et son directeur comparaissaient pour avoir refusé, un soir d'octobre, l'entrée du Pym's à quatre jeunes beurs. Discrimination raciale, a estimé le parquet, saisi par SOS-Racisme, qui avait ce soir-là utilisé des militants-acteurs pour piéger la boîte, réputée pour ne pas aimer les Maghrébins. Il est 23 heures, ce samedi, lorsque des groupes de jeunes se montrent à la porte du Pym's. Bien habillés, apparemment ordinaires. Les premiers, quatre garçons beurs, n'entrent pas. «C'est un club privé», leur répond-on, tandis qu'un autre groupe, «de type européen», est accueilli chaleureusement. «Des habitués», grince le portier aux refoulés qui protestent. Quelques minutes plus tard, un couple, jeune femme blonde et homme blanc, expliquent qu'ils ne sont pas d'ici et attendent des amis. «Attendez donc à l'intérieur», leur propose le même portier, qui claque la porte au nez d'un deuxième groupe de beurs. «Ils n'ont pas le profil recherché pour notre établissement», explique le cerbère. Pas de chance pour le Pym's, une grande discothèque du centre-ville, les jeunes étaient des militants de SOS- Racisme, et le couple «européen» une journaliste et un huissier. Depuis quelques mois, en effet, l'association organ