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Libération

Forum de l'éducation. Un prof, une classe, un cours. S'il te plaît, imagine-moi un cercle.

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publié le 23 mars 1999 à 0h15

Hier, Claude n'a pas fait beaucoup de maths avec ses premières S. Il

a pourtant été question pendant une heure de trigonométrie. «Mais c'était un peu spécial», prévient cette prof d'un lycée de Nîmes. Pendant vingt minutes, «on a fait la sieste», plaisante-t-elle. En réalité, elle a demandé à ses élèves de ranger leurs cahiers, leurs crayons et leurs habitudes pour les obliger, à partir d'un énoncé, à dessiner «dans leur tête», «devant leurs yeux», que certains élèves d'ailleurs ont fini par fermer, des cercles trigonométriques. Cet exercice de «gestion mentale», Claude le choisit pour démontrer qu'il est possible de «savoir sans apprendre». Elle interdit donc à ses élèves d'apprendre certaines formules par coeur. «Des formules horribles, souvent très proches les unes des autres et qu'il est très facile de confondre», explique la prof.

«Cette technique peut aider à les retrouver sans faire appel à la mémoire pure. Elle rend vivant quelque chose qui d'habitude est écrit sur du papier.» Ses élèves ont été un peu déroutés, mais pas trop. Car ceux que Claude avait en classe l'an dernier, en seconde, avaient préparé le terrain et prévenu leurs copains. L'exercice a aussi le mérite pour Claude d'obliger les élèves à intégrer totalement, «dans leur corps», l'énoncé du problème. «Alors que souvent, quand ils ont une difficulté, c'est parce qu'ils ont certes lu l'énoncé mais ne s'en sont pas pénétrés.» Comme les élèves n'ont, pendant vingt minutes, que leur langue pour dire ce qu'ils