Désormais, le juge Jean-Louis Bruguière a un pense-bête contre les dossiers bâclés. C'est l'arrêt de la chambre d'accusation de la cour d'appel de Paris, qui a accordé le 15 janvier un non-lieu à Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, dans le dossier de l'attentat du Drugstore Saint-Germain, le 15 septembre 1974. Après un premier non-lieu en 1983, la procédure était rouverte en janvier 1995 à la suite de l'arrestation de Carlos, et confiée à Bruguière. Mais le juge n'en a rien fait, ou presque. Pour la chambre d'accusation, les «quatre nouvelles années d'investigations» se sont «limitées à un interrogatoire de première comparution en février 1996, et à une commission rogatoire tardive du 13 octobre 1998».
Carlos n'a pas même été interrogé sur le fond. Estimant «illusoire» «d'attendre des résultats probants» de cette enquête vingt-quatre ans après les faits, la chambre décide de classer l'affaire.
Bien que frappé d'appel, cet arrêt a réveillé Bruguière.
Le 5 février, il a interrogé Carlos sur l'attentat de la rue Marboeuf. Le 9 février, sur la bombe du Capitole, le train Paris-Toulouse. Le 15 février sur les attentats contre le TGV à Tain-l'Hermitage et à la gare Saint-Charles de Marseille. Carlos s'est contenté de contester les charges qui pesaient contre lui. Pour l'heure, seule Magdalena Kopp, femme de Carlos et ex-membre du groupe, a accepté de parler. D'anciens espions aussi. Le juge pioche dans les dossiers des services spéciaux des ex-pays de l'Est, à la recherche de rares preuves. C'est la gageure de cette enquête. Elle porte