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Libération

Une fausse accusation de pédophilie ravive la violence aux Tarterêts. La rumeur met le feu à la maternelle.

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publié le 25 mars 1999 à 0h17

Le jeudi 19 février, une maman africaine des Tarterêts, quartier de

Corbeil-Essonnes, conduit son petit garçon à l'hôpital. Il a trois ans et demi. La veille, elle a constaté qu'il saignait. Elle pense à un viol. Un médecin examine l'enfant, découvre une plaie, suspecte une agression sexuelle. La mère porte plainte. Le bambin est de nouveau examiné, le 22 février, à l'unité de consultation médico- judiciaire d'Evry. L'examen conclut à l'absence totale de symptômes d'abus sexuels. Restent les saignements. Une banale radio finit par expliquer que l'enfant est constipé. Mais la méprise va provoquer des incidents en chaîne. Un directeur de maternelle accusé par erreur. Une école incendiée. Quatre jeunes en prison sur des charges bien faibles.

Dès sa première audition, le petit garçon dit à la brigade des mineurs: «Jacques m'a mis une piqûre dans les fesses.» Il n'existe qu'un Jacques dans l'entourage de l'enfant: le directeur de l'école. Un enquêteur confie: «L'audition était difficile. Le gamin répondait "oui à toutes nos questions. Quand on lui a demandé s'il y avait d'autres enfants, il a donné les noms de ses copains. Ils ont tous été entendus. Il ne s'était rien passé.» A son retour de vacances, le 2 mars, le directeur est placé en garde à vue. Agé d'une quarantaine d'années, il travaille aux Tarterêts depuis plus de dix ans. Tout le quartier le connaît. Il s'explique facilement. Son emploi du temps le disculpe. Il ressort, libre au bout de cinq heures.

La méfiance s'installe.