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Libération

Un même sentiment de solitude

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publié le 26 mars 1999 à 0h18

Catherine, 34 ans, région parisienne

«Il me manipulait»

Il lui a fallu dix ans de coups et d'insultes avant de se rendre au commissariat. Et encore. Au départ, Catherine (1) ne voulait que consigner la main courante, pas question de porter plainte contre son concubin d'alors. «La peur d'aller trop loin», dit-elle. C'est le procureur, alerté par la police, qui précipitera les choses. Son histoire est celle d'un couple qui tourne mal: «Au départ, je l'aimais. Après, les coups sont venus. Mais je suis restée pour les enfants. J'avais peur de partir sans rien.» Insidieusement, le doute s'installe: «Pour moi, je n'étais pas vraiment victime. Je me disais que, s'il me tapait, c'est parce que j'avais fait quelque chose. Il me manipulait psychologiquement. Et puis, dans ce genre de situation, on a honte. On en parle peu. Alors, pendant des années, je me suis demandé si je devais vivre avec ça, ou me battre.» Seule, Catherine n'a pas de solution. Les amis? «Ils peuvent vous écouter, mais pas vous conseiller.» Les assistantes sociales? «Ça n'a rien donné.» La police? Inimaginable. Alors elle se tait. Surtout après une visite chez un pédiatre: «J'avais mis des lunettes noires pour cacher mes coquards. J'ai expliqué que j'étais tombée dans l'escalier. Le médecin m'a dit: "Vous m'auriez dit que votre ami vous battait, j'aurais demandé à la Ddass de prendre en charge votre fils. Involontairement, cette phrase m'a bloquée pendant des années.» Mais les coups redoublent. Catherine est violée