La délivrance d'un côté, le silence de l'autre. Jean-Yves Monfort,
président de la 17e chambre correctionnelle de Paris, vient de lire sa décision, un mois après le procès en diffamation de Maurice Papon contre Jean-Luc Einaudi. Côté joie: l'entourage de l'historien. Côté silence: l'ancien préfet de police de Paris, absent. L'enjeu: une phrase d'Einaudi, publiée dans le Monde, selon laquelle le «massacre» du 17 octobre 1961 avait été perpétré «sous les ordres de Maurice Papon». Résultat: Papon débouté.
Car si, pour le tribunal, le «passage litigieux n'est pas exempt d'ambiguïté», la démarche d'Einaudi ne peut se comprendre qu'«au regard de l'ensemble de ses travaux». Or, ceux-ci offrant suffisamment de garantie de rigueur, sa bonne foi ne peut pas être mise en doute. Mieux, la 17e chambre estime que «dès lors que l'on admet que la version officielle des événements de 1961 semble avoir été inspirée largement par la raison d'Etat admissible, au demeurant, au regard de la situation de l'époque et que l'extrême dureté de la répression d'alors doit appeler, de nos jours, des analyses différentes, qui n'excluent pas nécessairement l'emploi du mot "massacre, on ne saurait faire grief à un historien, auquel on ne conteste finalement pas le sérieux et la qualité de sa recherche, d'avoir manqué de "circonspection lorsque, dans une formule conclusive ["], il qualifie rudement les faits et désigne sèchement un responsable».
Réaction immédiate de l'auteur de la Bataille de Paris: «En 1