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Libération

Carnets de justice. Histoires d'ex qui n'arrivent pas à rompre.

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publié le 29 mars 1999 à 0h19

Tribunal de police, Lille

Au bord des larmes, une petite femme au visage usé est à la barre. Elle se plaint au tribunal mais c'est elle qui comparaît: «J'ai droit à ma tranquillité, il faut qu'il cesse de me harceler et qu'il paye ma pension alimentaire.» La présidente désigne un moustachu, qui se tient loin de son ex-épouse. «Encore heureux, madame, qu'on vous ait empêchée de mettre le feu à sa voiture.» La femme semble ne pas entendre. «Nous, les femmes, ne pouvons rien contre les hommes. Il m'a encore téléphoné pour me menacer. Il entre chez moi quand je ne suis pas là.» L'homme est furieux.

«Je suis entrée chez elle, c'est vrai, mais pour récupérer ma fille de 13 ans. Elle était seule avec 40 de fièvre. C'est elle qui me harcèle, elle n'accepte pas le divorce et en plus elle boit de trop.» Elle était saoule ce matin-là quand des jeunes l'ont vue, en bas de chez son ex-mari, «vociférante, très excitée, tentant de brûler la voiture, raconte la procureur, les policiers ont eu beaucoup de mal à la maîtriser. Si elle est victime de quoi que ce soit, elle peut porter plainte et sûrement pas répondre par la loi du talion à la petite semaine». L'avocate de la prévenue parle des coups et des menaces reçus par sa cliente. Pendant ce temps, dans la salle, une femme épanouie, bien coiffée, toute maquillée, lève sans arrêt les yeux au ciel en marmonnant «c'est ça, c'est ça!». Et quand la procureur réclame 1 000 F d'amende, elle brandit son doigt vers l'ex-épouse. Puis, pendue au bras d