L'homme à la mine austère reconnaît traîner une «petite réputation
de pervers» au collège de Gagny, où il enseignait la physique depuis quinze ans. Les raisons? Une matière difficile, un tempérament sec de prof «vieille école», la main leste sur les heures de colle. En octobre 1998, une élève de 14 ans l'accuse d'agression sexuelle. «Après la classe, j'aurais baissé mon pantalon, sorti mon sexe et commencé à me masturber devant elle.» Jean-Paul Bazin, 54 ans, nie farouchement. Comme nient des dizaines d'enseignants actuellement mis en cause dans des affaires de ce type. Samedi, pour la première fois, ils se réunissaient à Paris à l'occasion d'un débat animé par des avocats, des psychiatres et des responsables associatifs pour critiquer l'attitude de l'Etat qui, selon eux, préfère «suspendre des innocents plutôt que prendre le risque de couvrir des pédophiles». L'affaire Dutroux a tout changé. En 1994, 16 enseignants étaient accusés d'abus sexuels en France. Aujourd'hui, ils seraient entre «300 et 500», qui se disent «victimes» de ces «enfants toujours à l'affût de raconter des bobards». «Harcèlement moral». Au fond de la salle, loin de l'estrade réservée aux experts, plusieurs d'entre eux exposent à voix basse leur parcours semé «d'angoisse et de harcèlement moral». De son gros cartable noir, Jean-Paul Bazin sort des dossiers, des témoignages de soutien et s'emploie à démonter la scène pour la millième fois, dans ses moindres détails. «La fille ne se rappelle même pas si je