Chamonix, envoyé spécial.
Patrick Dewouassoux a attendu six jours avant de raconter son histoire. Et, depuis hier, il la répète, à ses proches, à ses supérieurs et à qui l'entoure. Sous le choc, il récite, machinalement. Ce mercredi là, à 11 heures, il effectue un transfert de fonds de l'Italie vers la France pour le compte de son employeur, l'ATMB (Autoroute et tunnel du Mont-Blanc) «Au kilomètre 4, j'ai vu une épaisse fumée blanche et, un peu plus loin, le camion belge, qui n'était plus qu'une boule de feu. Derrière, la fumée était noire et épaisse. J'ai continué à tâtons pour voir s'il n'y avait personne. Et j'ai vu des chauffeurs assis dans leur camion qui ne voulaient pas abandonner leur chargement. Je les ai convaincus de me suivre.» Il a sauvé la vie à huit routiers avant de retourner dans l'enfer. «Mais, au bout de cinquante mètres, j'ai renoncé, je ne pouvais plus respirer. Mais je savais qu'il restait encore du monde bloqué.» Il ferme les yeux: «Maintenant, je voudrais comprendre ce qui a pu se passer.»
Fouiller. Six jours après le drame et son bilan, toujours provisoire, de quarante tués, tout le monde veut comprendre. Mais à chacun ses méthodes. Celles de la police scientifique ont enfin pu s'exercer hier. Après cinq jours de fournaise, la température du tunnel est tombée à 30 °C. La première phase de leur travail doit durer trois jours, le temps de relever toutes les données nécessaires à une expertise technique dont les résultats devraient être connus au mois d