La situation du premier commissaire-priseur de France, Me Jacques
Tajan, risque de devenir encore plus inconfortable. Un témoin capital vient en effet de contredire la version qu'il présente pour sa défense. L'information judiciaire conduite pour «faux en écriture publique» porte sur la vente d'une statuette d'Alberto Giacometti. Me Tajan a assuré que cette vente avait été «parfaite». Or, l'acheteur de cette pièce, le marchand Joe Nahmad, a donné aux enquêteurs une version un peu différente des faits.
Dumas témoin. Une vente aux enchères de pièces du legs d'Annette Giacometti, veuve de l'artiste, avait été confiée en 1994 à Me Tajan par Roland Dumas, exécuteur testamentaire. C'est alors qu'une statuette a été annoncée invendue, puis vendue. La juge Xavière Siméoni a d'ailleurs interrogé discrètement Roland Dumas il y a un mois et demi, à titre de témoin.
Joe Nahmad a reconnu que la sculpture lui avait été cédée par Me Tajan deux semaines après la vente aux enchères. Or, la loi interdit aux commissaires-priseurs de négocier des objets en dehors des enchères. Contacté par téléphone à Londres, Joe Nahmad nous a indiqué «avoir été interrogé en janvier par trois policiers». «A cette vente, précise-t-il, j'ai acheté six lots. Pour cette statuette j'ai fait une offre à 1,1 million, alors que les enchères sont montées beaucoup plus haut. Quinze jours plus tard, j'ai reçu un bordereau d'achat au prix que j'étais prêt à mettre. J'ai payé. Qu'y a-t-il de mal à cela? Je n'avais aucune id