La marmite bouillait. Une ébullition qu'Elisabeth Guigou a tenté de
stopper net hier. Dans une lettre courtoise mais ferme, la garde des Sceaux indique au bâtonnier des avocats parisiens, Dominique de La Garanderie, qu'elle ne saisira pas le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à propos d'Eva Joly. Auparavant, les syndicats de magistrats étaient entrés dans la polémique opposant les avocats à Eva Joly, en apportant leur soutien à cette juge en charge de l'instruction du dossier Elf-Aquitaine.
La querelle est née après une perquisition menée par la magistrate et sa collègue Laurence Vichnievsky chez un avocat parisien, Eric Turcon. Elle a rebondi lorsque Eva Joly a estimé, au cours d'un débat avec la presse anglo-saxonne, que «15% du chiffre d'affaires de la criminalité va aux avocats». L'ordre des avocats de Paris a souhaité mercredi que le CSM soit saisi par la ministre de la Justice et demandé, en outre, une audience au chef de l'Etat. Pour le Syndicat de la magistrature (gauche), ces démarches visent à «interdire la poursuite des investigations qui impliquent les plus hautes personnalités de l'Etat, notamment l'actuel président du Conseil constitutionnel en "congé», estime le SM, autrement dit à tuer le dossier Dumas-Elf-Aquitaine.
L'Union syndicale des magistrats (centre, majoritaire) s'est placée sur un autre terrain. Valery Turcey, son président, juge que le chiffre de 15% cité par Eva Joly n'est «ni incontestable, ni invraisemblable» et qu'il faut avoir «le coura