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Libération

Saint ou démon, l'abbé tiraille ses ouailles. A Mur-de-Barrez, deux camps s'affrontent autour du curé, qui sera jugé pour pédophilie.

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publié le 10 avril 1999 à 0h39

Mur-de-Barrez (Aveyron), envoyée spéciale.

Depuis deux ans, Mur-de-Barrez, une commune rurale d'environ 1 000 habitants fichée sur un piton rocheux tout en haut de l'Aveyron, bruisse de rumeurs sur «l'affaire». Pire encore que la politique ou le sexe, l'histoire de l'abbé Maurel est un sujet qui fâche les familles, brouille les amis et attise les rancoeurs. Accusé en 1997 de viols sur mineurs de moins de 15 ans, Jean-Lucien Maurel, 70 ans, a effectué vingt mois de détention préventive sans jamais rien avouer. Un vrai mur. De droiture, assurent ses défenseurs; de perversité, clament ses opposants. A Noël, la libération de l'ecclésiastique (prié par la justice d'habiter à bonne distance du village) a encore creusé une fracture que tous jugent «irréparable», tant chaque camp avance des arguments chaque jour plus graves ­ et d'égrener les «manipulations», intimidations et insultes proférées par la partie adverse.

Comme dans un scénario de Chabrol, l'intrigue fait intervenir les notables, qu'ils soient anti-abbé (le maire) ou pro-abbé (l'industriel du coin), qu'ils soient commerçants ou enseignants. Car l'épicentre de l'affaire se niche au collège Saint-Pierre, un établissement privé catholique que Jean-Lucien Maurel mena d'une main de fer pendant plus de quarante ans. «Il a élevé tout le monde», dit un villageois. Ses trois accusateurs étaient inscrits à l'école, sise dans une ruelle de Mur-de-Barrez derrière la porte de Monaco. Longtemps, ce coin fut la propriété des princes Grim