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Libération

Carnets de justice. Pas de dérogations pour les Serbes irréguliers.

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publié le 12 avril 1999 à 0h40

Tribunal administratif, audience des reconduites à la frontière,

Paris C'est une salle immense, surmontée d'une mezzanine. Sur son estrade, au fond, le juge semble perdu. Au premier rang, se tient un homme. Ses cheveux sont gris, comme sa chemise, sa veste, son pantalon. Il est serbe, sans-papiers, et demande l'annulation d'un arrêté de reconduite à la frontière pris à son encontre, le 10 septembre dernier, par la préfecture de police. D'une voix monocorde, le président lit la procédure. «Le requérant fait valoir être arrivé en France en 1992 et avoir demandé le statut de réfugié qui lui a été refusé. Il fait valoir qu'il ne peut retourner en Serbie du fait de la situation actuelle dans son pays. Il dit avoir en France des attaches familiales. Son frère et sa soeur qui y vivent depuis de longues années. Il travaille régulièrement en France, ce qui lui permet d'entretenir sa femme et son fils restés en Serbie. Il a une promesse d'embauche ici.» Ici, on ne donne pas la parole aux requérants, ce sont les avocats qui parlent pour eux. Celui de l'homme en gris demande un renvoi de l'affaire. «J'ai été saisi hier par mon client. La Poste a refusé de lui donner la lettre recommandée le convoquant à l'audience d'aujourd'hui, car il n'a pas de papiers. Il a seulement aperçu au dos de la lettre le nom de l'expéditeur, est venu au tribunal et a appris que son audience avait lieu ce jour.» L'avocat dit avoir de nouveaux éléments à fournir: son client aurait notamment refusé d'intégrer l'