Menu
Libération

Double cérémonie pour la Shoah. L'ingérence dans la politique d'Israël divise la communauté juive.

Article réservé aux abonnés
publié le 14 avril 1999 à 0h43

Le malaise s'installe au sein de la communauté juive de France.

Avant- hier, le conflit entre le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), présidé par l'avocat Henri Hajdenberg, et le Consistoire central de France (organisme cultuel membre du Crif, présidé par Jean Kahn), est monté d'un cran. Pour la première fois, la communauté a célébré, lors de deux cérémonies distinctes, la journée de commémoration de la Shoah (Yom Hashoa, les 12 et 13 avril de chaque année, organisée depuis douze ans par le Mouvement juif libéral de France, en accord avec la Knesset). La cérémonie du MJLF s'est tenue place des Martyrs; celle du consistoire, présidée par le grand rabbin de France, Joseph Sitruk, a été improvisée au Centre de documentation juive. Le cardinal Lustiger a fait la navette entre les deux pour participer à la lecture de listes de déportés.

Le magazine Tribune juive (couvrant toutes les tendances du judaïsme) a révélé la crise dans son numéro du 31 mars. Le grand rabbin y condamne fermement la récente mission du Crif dans les pays arabes et les territoires palestiniens. Joseph Sitruk dénonce une «forme de pression exercée sur le cabinet au pouvoir en Israël». Une ingérence inacceptable, selon lui, à trois mois des élections. Après avoir annoncé que le consistoire suspendait provisoirement sa participation au Crif (à peine 200 000 F par an), Joseph Sitruk ­ qui a entraîné tout le consistoire avec lui ­ s'est retrouvé face à la fronde de personnalités israélie