Menu
Libération

«On ne veut pas de psy, on veut juste savoir». Depuis la mort de leurs parents dans le tunnel du Mont-Blanc, Katia et Fabio subissent les incohérences de l'administration.

Article réservé aux abonnés
publié le 19 avril 1999 à 0h46

Lyon, envoyé spécial

Chacun sa vie. Fabio est illustrateur, souvent fourré à Paris. Sa soeur Katia est partie vivre au Canada. Loin de la Croix-Rousse à Lyon, loin de l'appartement familial. Depuis un an qu'ils sont à la retraite, leurs parents essaient d'en profiter. Le père, à 61 ans, tente de renouer un peu plus souvent des liens distendus par les années de boulot avec sa famille italienne, du côté de Bologne. Et de temps en temps, il arrive à entraîner sa femme, accompagnée de sa meilleure amie. Comme ce 24 mars. Tous les trois sont partis tôt, dans la Lancia, en direction du tunnel du Mont-Blanc, le chemin le plus court.

«Ma copine et moi, on bossait à Paris ce jour-là, raconte Fabio. Les gendarmes ont essayé de nous joindre tout l'après-midi. Ils sont allés chez mon oncle, ils ont réussi à prévenir tout le monde, sauf nous.» Les gendarmes parviendront enfin à les joindre à leur retour à Lyon. A 10 heures du soir, ils leur annoncent la nouvelle: «Vos parents sont morts asphyxiés dans le tunnel vers 11 heures. Ils étaient dans un refuge, le n° 18. On a retrouvé des objets à eux, des papiers. On a pu les identifier facilement.» A la même heure, chez Katia, à Montréal, le téléphone sonne aussi. On lui parle de ses parents, elle s'inquiète, demande s'ils sont blessés, on lui répond simplement: «Ils sont à la morgue.» La nuit qui suit est un grand trou noir.

«On m'a déconseillé de venir.» «Le lendemain matin, j'ai essayé de prendre les choses en main, se souvient la copine de