Le juge Hervé Stephan en était arrivé à chercher une tombe. Il
voulait envoyer les gendarmes passer au peigne fin le cimetière chrétien de Damas. Le 30 mars dernier, il a finalement transmis au parquet général de la cour d'appel le dossier d'Aloïs Brunner, ancien bras droit d'Adolf Eichmann, responsable de la déportation de 24 000 juifs depuis Paris, entre 1943 et 1944. La cour d'assises de Paris devra donc juger un absent. L'homme devrait avoir 87 ans aujourd'hui s'il est toujours en vie. Son dernier refuge connu se situe à Damas. L'enquête française a duré douze ans. Elle a conduit la section de recherche de la gendarmerie jusqu'en Argentine, devant d'autres tombes. Sans succès. La Syrie, quant à elle, a ignoré jusqu'au bout les demandes de la justice française. Les commissions rogatoires internationales visant Brunner en 1991, 1995, 1996 sont restées sans suite. Jacques Chirac aurait évoqué le dossier à Damas, en octobre 1996, puis à Paris, en juillet 1998, lors de ses rencontres avec le président Hafez el-Hassad. Sans résultat. Les Syriens nient.
Trafiquant d'armes. «Cet homme de 87 ans a un oeil en moins, des doigts en moins, une vague ressemblance avec le docteur Folamour, c'est exclu qu'il soit parti de là-bas», estime Me Serge Klarsfeld, dont la plainte déposée en 1987 est à l'origine de l'instruction. «On a un témoin direct de sa présence en 1992. Brunner a déménagé. Et son appartement a été repris par un membre de la garde personnelle de Hassad.» L'avocat «ch