Agen, envoyé spécial
Dans son bourg du Marmandais, on dit que «c'est un cas, cet homme», «un farfelu». Mais les gens du pays n'imaginaient pas que «c'était à ce point». Même ceux qui ont eu le privilège de visiter son château, fait de bric-à-brac insensé, où les cadavres de bouteilles d'eau se disputent le sol avec des armures signées, des toiles d'araignée de cinquante centimètres, des pistolets du XVIIIe, des catalogues Intermarché, quelques Paris-Match, de magnifiques peintures partout, et des ampoules suspendues en guise d'éclairage. Jeudi dernier, le châtelain a été cambriolé. Dans son édifice en ruines, où, dit-on, il lui arrive de dire «attention, vous marchez sur mon lit» tant les lieux sont impraticables, les voleurs ont fait le tri. En une soirée, ils ont embarqué des armes signées et une vingtaine de tableaux de maîtres. Dont un Poussin, un Corrège, deux de l'école de Barbizon, un Boucher ou encore un Jacopo da Ponte il Bassano. Que de l'authentique, non inventorié ni assuré.
«Ma source d'inspiration». Depuis, l'homme, 71 ans, veste et chemise jaune poussière, cravate bleu délavé et croix de Lorraine au revers du veston, a les traits tirés, refuse les journalistes, lâche tout de même quelques mots à celui de Sud-Ouest «Ils ont volé mon âme. Je n'ai plus rien. [Ces peintres] étaient mes maîtres, ma source d'inspiration, (") toute ma vie» , et s'excuse: «Libération est bien sympathique mais n'insistez pas. Je suis alité depuis ce grand malheur.»
La demeure de l'int